Revue de Presse, rubrique Douleur de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 67

Autohypnose et douleur chronique. Récit d’une patiente.

David Ogez et Maryse Aubin nous invitent à pratiquer l’autohypnose. A travers le récit de Maryse, patiente en clinique de gestion de la douleur au Québec, nous apprenons comment un programme d’entraînement à l’autohypnose qui vise à réduire les douleurs chroniques des patients et réduire la prise en charge de médication opioïde est mis en place.

Ce texte rédigé à deux mains depuis le Québec a pour but de soutenir l’importance d’une pratique autonome de l’hypnose pour réduire les douleurs chroniques.

A travers le récit de Maryse, patiente en clinique de gestion de douleur, nous allons introduire un programme d’entraînement à l’auto-hypnose qui vise à réduire les douleurs chroniques des patients et réduire la prise de médication opioïde.

LA DOULEUR CHRONIQUE

La douleur chronique est reconnue comme un diagnostic à part entière par l’Organisation mondiale de la santé. Au Canada, elle touche près de 7,63 millions de personnes, soit une personne sur quatre au cours de sa vie (1). La fréquence de ces douleurs est importante chez les personnes plus âgées, mais les douleurs peuvent aussi apparaître très tôt, un enfant sur cinq vivrait avec des douleurs qui risquent de devenir chroniques et qui pourraient avoir des répercussions sur sa vie. Les études montrent en effet que les douleurs altèrent la qualité de vie en menant à des troubles annexes, tels que des traumatismes, d’autres maladies chroniques graves, ou des problèmes de santé mentale, 85 % des patients présentant un risque de dépression sévère (2). Ces conséquences sur la santé mentale conduisent aussi à des déficits de la sphère sociale, avec des conséquences sur la scolarité et le développement biopsychosocial des enfants, des adolescents et des jeunes adultes, et des risques d’invalidité précoce, et donc de l’altération de la qualité de vie et de la vie professionnelle des adultes de moins de 65 ans.

Les difficultés associées à la qualité de vie de ces patients sont aussi liées au manque de service et aux longs délais d’attente pour accéder aux cliniques spécialisées (3). Au Québec, le délai d’attente moyen varie entre 6 mois et 5 ans pour avoir accès aux cliniques de gestion de la douleur, ce qui laisse largement l’opportunité à ces douleurs de se chroniciser, rendant plus compliquée une issue favorable pour ces patients. Ce manque de service, de traitement efficace et les longs délais d’attente conduisent une grande partie de ces patients à utiliser des médications analgésiques puissantes, comme les opioïdes. Cette consommation accrue représente un obstacle important dans l’efficacité du traitement et crée des dépendances, ce qui limite l’utilisation de ces traitements par les médecins des cliniques de gestion de la douleur, au moment opportun.

L’HYPNOSE COMME APPROCHE NON PHARMACOLOGIQUE EN GESTION DE DOULEUR
Lire la suite…

Hypnose en soins palliatifs: un chemin vers les étoiles.

Salomé « sur son tapis volant dans les étoiles », c’est l’histoire émouvante de l’accompagnement d’une patiente en soins palliatifs par l’hypnose. Il s’agit ici de Salomé, 48 ans, atteinte d’un cancer de l’estomac. Sa prise en charge a été très lourde et fastidieuse : chirurgie à plusieurs reprises, chimiothérapie, radiothérapie, multiples récidives, douleurs intenses, occlusion intestinale…

Elle a eu un parcours de soins sur deux ans, enchaînant les hospitalisations, puis elle est restée à son domicile après son diagnostic d’occlusion et l’annonce de sa prise en charge palliative. Chez elle, Salomé est en hospitalisation à domicile, avec des soins très lourds : sonde nasogastrique, poche de colostomie, nutrition parentérale, pompe à médicament antalgique forte dose, pompe à médicament anxiolytique… Salomé ne peut plus manger, sa sonde gastrique est en aspiration permanente pour éviter les vomissements. Elle continue à boire car elle a souvent soif et envie de sentir des goûts, mais tout ce qu’elle avale est aspiré aussitôt par la sonde. La gestion de tout ceci à domicile devient de plus en plus difficile et épuisante pour Salomé qui a de fortes douleurs et dort très mal la nuit et n’arrive pas à se reposer, et aussi pour sa famille (son mari et ses deux filles).

L’ARRIVÉE EN SOINS PALLIATIFS

Salomé appréhende énormément le recours à une hospitalisation, mais elle finit par décider de se faire prendre en charge en unité de soins palliatifs, devant une recrudescence des douleurs, une asthénie majeure associée à une insomnie. C’est dans ce contexte que nous l’accueillons dans notre service. A son arrivée, elle est épuisée. Elle est très entourée de son mari et de ses deux filles. Ils se relaient pour être toujours à ses côtés, de jour comme de nuit. C’est une famille qui semble très unie, voire fusionnelle. Au départ, l’équipe ressent des difficultés à « approcher » Salomé et sa famille. Ils nous semblent « fermés » voire réticents aux soins que nous proposons, comme s’ils voulaient rester « dans leur bulle ». Nous en discutons beaucoup en équipe aux transmissions et aux staffs, tentant d’élaborer des « stratégies » pour pouvoir bien accompagner Salomé et sa famille. Petit à petit, l’approche se fait et nous percevons une confiance qui s’installe : Salomé accepte les soins psychocorporels que nous lui proposons (balnéothérapie, massages, réflexologie, aromathérapie).

PREMIER MOMENT D’ABANDON, PREMIÈRE SÉANCE D’HYPNOSE

 Elle ne souhaite pas rencontrer la psychologue. 

Lire la suite…