Un article rédigé par Sylvie COLOMBANI et Hypnose 33, Institut de Formation en Hypnose à Bordeaux, et organisatrice du Forum de la CFHTB en Mai 2024. In-Dolore et le CHTIP seront bien entendu présents avec toutes leurs équipes de formateurs.
L’hypnotisabilité, la capacité d’un individu à répondre aux suggestions données sous hypnose, est un trait neurocomportemental stable composé d’éléments d’ordre cognitifs, neuronaux et comportementaux.
Il a été démontré que l’hypnotisabilité modifie les effets des interventions s’appuyant sur l’hypnose, en particulier dans la réduction de la douleur clinique et expérimentale.
On estime qu’environ les 2/3 de la population adulte générale sont faiblement hypnotisables, tandis que 15% sont hautement hypnotisabilités, capables de gérer la douleur clinique et même de subir une intervention chirurgicale sans anesthésie chimique en utilisant une analgésie hypnotique.
Dans cette étude, David Spiegel s’est associé à Nolan Williams MD, professeur agrégé de psychiatrie et de sciences du comportement, pionnier des techniques de neurostimulation non invasives pour traiter des affections telles que la dépression, les troubles obsessionnels compulsifs et les idées suicidaires.
Les chercheurs ont utilisé une technique de neurostimulation non invasive optimisée, appelé SHIFT (Stanford Hypnosis Integrated with Functional Connectivity-targeted Transcranial Stimulation).
Hypothèse = l’hypnotisabilité serait temporairement augmentée par l’utilisation d’un ciblage personnalisé guidé par neuro-imagerie pour stimuler de manière non invasive une zone spécifique du cerveau avec une stimulation magnétique transcrânienne (TMS).
Il s’agit d’un essai contrôlé randomisé, en double aveugle, sur un échantillon de 80 patients âgés de 18 à 69 ans atteints de fibromyalgie, un trouble fonctionnel de la douleur pour lequel l’hypnose s’est avérée une option de traitement non pharmacologique à bénéfice démontré. Tous les participants étaient naïfs de TMS et faiblement à modérément hypnotisables selon le HIP (Hypnotic Induction Profile, mesure validée de l’hypnotisabilité soit présentant des scores HIP < à 8 sur 10.
40 patients ont reçu une stimulation magnétique transcrânienne : 2 applications de 46 secondes chacune délivrant 800 impulsions électriques à l’endroit précis du faisceau dorsolatéral gauche du cortex préfrontal.
Les 40 autres patients ont reçu un traitement fictif ou placebo avec la même apparence et la même sensation mais sans stimulation électrique.
L’hypnotisabilité a été évaluée immédiatement avant et après les traitements et 1 h après la neurostimulation.
Les chercheurs ont découvert que le groupe de participants ayant reçu la neurostimulation présentait une augmentation statistiquement significative de leur hypnotisabilité avec un score d’environ un point de plus, immédiatement après la neurostimulation. Le groupe avec traitement fictif n’a subi aucun effet.
Lorsque les participants ont été réévalués 1 h plus tard, l’effet s’était dissipé et il n’y avait plus de différence statistiquement significative entre les 2 groupes.
Selon l’étude, cette augmentation transitoire de l’hypnotisabilité pourrait suffire à permettre à davantage de patients douloureux chroniques de pouvoir choisir l’hypnose comme alternative à l’utilisation à long terme d’opioïdes.
Un suivi auprès des participants à l’étude est envisagé pour étudier leurs comportements en hypnothérapie.
Les nouveaux résultats pourraient avoir des implications bien au-delà de l’hypnose.
SHIFT pourrait être en mesure de moduler les traits neurocomportementaux cliniquement pertinents associés à la psychopathologie et à la réactivité au traitement.
Selon Afik Faerman, à l’avenir les patients pourraient participer à une séance de stimulation cérébrale rapide et non invasive, avant de se rendre chez leur psychologue.
Le bénéfice du traitement pourrait être bien plus élevé.
Professeur David Spiegel université de Stanford États-Unis.
Conférence plénière inaugurale. Mercredi 15 mai 2024 17h30 13e forum de la CFHTB à Bordeaux.